GOTHIQUE, INDUS & DOOM

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Ice Ages : "This Killing Emptiness" - Napalm Records -

Projet solo mené de front par Richard Lederer, ce troisième volet du très torturé Ice Ages se défend particulièrement bien dans les milieu electro gothique. Après avoir officié majestueusement dans DIE VERBANNTEN KINDER EVAS (dark wave) ainsi que dans SUMMONING (black metal atmosphérique), Richard Lederer propose ce troisième album, débordant de mâturité, et d'une qualité de son supérieure aux 2 albums précédents. Contrastant avec les ambiances mélancoliques de DVKE et l'univers médiéval fantastique de SUMMONING, "This Killing Emptiness" délivre une atmosphère davantage cinglante, sévère et agressive. Tout en gardant une ligne mélodique structurée, l'écriture s'avère complexe et très lugubre. Cet album est froid, lancinant, aux tempos lents, et aux accords exclusivement mineurs. "This Killing Emptiness" est le fruit d'une recherche mélodique et structurale aboutie, méritant tous les honneurs du public. Petit must du genre... ainsi interprété par le clavier de DVKE et SUMMONING, on ne peut douter du talent et de la maestria emplis de la glauquitude d' ICE AGES.

Ataraxia : "Suenos" - Cold Meat Industry -

Succédant au dernier album "Lost Atlantis", dont l'orientation est davantage baroque, "Suenos" se divise en 3 parties. Contrairement à d'habitude, ATARAXIA propose un album sans concept particulier, et résume dans ses 3 chapitres les styles les plus explorés par le groupe. A savoir quelques (rares) parties éthérées/atmosphériques, ainsi que du médiéval et du baroque (ambiance Renaissance italienne). Toute la première partie est dédiée à la musique et aux thèmes légendaires médiévaux, et ce avec des instruments exclusivement accoustiques. Il n'est pas question sur cet album d'y intégrer quelque clavier et boîte à rythme. De plus, l'ancien clavier d'ATARAXIA vient faire écho à Francesca Nicoli de sa surprenante voix de basson. Ce dialogue lyrique souligne l'aspect monophonique fantastique de la musique médiévale d'antant, reprise avec passion dans "Suenos". Les seconde et troisième parties de l'opus sont davantage baroque, mélancoliques et élégiaques. Le thème de cet album s'articulant autour de l'Histoire Universelle, ATARAXIA révèle des paroles écrites en italien, anglais, français, grec ancien et latin. Chaque titre est donc un régal, une fête. ATARAXIA peaufine ainsi en un seul album une recherche musicale vieille de 15 ans, et innonde de plaisir son auditoire par sa maîtrise du genre et par sa splendeur.

 

Daeonia : "Crescendo" - Candlelight -

En matière de goth, on a vu bien mieux. Surtout chez Candlelight. Daeonia se présente comme un groupe apathique et plat, tout comme son dernier album "Crescendo", qui est complètement sans intérêt. Aucune émotion, aucune originalité, aucune profondeur. Chaque morceau est superficiel, tous les titres s'enchaînent en une espèce de pop-goth où les zicos ont l'air bien timide, et n'osent exprimer un talent vraiment bien caché. Daeonia, contrairement à ce qu'il affirme, ne se démarque aucunement des standards à la 69 Eyes et consors. C'est bien de se venter d'être sorti de l'ombre, mais en ce qui concerne ce groupe, il ferait bien d'y retourner.

 

Carnivore : "Carnivore" ; "Retaliation" - Roadrunner -

On ne présente plus Carnivore, que l'on connaît au moins de nom, renommé pour être le premier groupe de Peter Steele (Type O Negative), ainsi que pour ses textes extrémistes. Si ces albums, respectivement datant de 1985 et 1987, ne figurent pas dans la rubrique "Grenier", c'est parce-que tout simplement Roadrunner nous fait la fleur de leur réédition. Avant de mener d'une main de maître le groupe Type O Negative, P. Steele était le leader de ce groupe metal-hardcore. Bien connus pour leurs shows sauvagement intenses, et leurs paroles choquantes et post-apocalyptiques, Carnivore se démarquait comme un des groupes leaders de la scène new-yorkaise de la fin des années 80. A redécouvrir. Et pour vous mettre en appétit, je vous conseille vivement "Jack Daniel's & pizza" sur Retaliation ! Mmmmh...

 

 

The 69 Eyes : "Blessed Be" - Roadrunner -

Précédé du single "Gothic Girl", stagnant admirablement durant 20 semaines dans les charts finlandais, "Blessed Be" sort enfin. Mélangeant savamment gothique- batcave et rock, The 69 Eyes arrive en force, produit cette fois par Johnny Lee Michaels, figure de proue du rock finlandais et compositeur de bandes originales de films. Séduisante par son originalité, cette mixture musicale est tentante, harmonieuse à l'oreille, et entraînante. Les compositions sont rigoureuses, le chant est sensuel, les mélodies accrocheuses. C'est un album que l'on retient volontier, bien qu'il manque peut-être d'un peu de peps.

 

 

Type O Negative : "The Least Worst of T.O.N" (best of) - Roadrunner -

Et oui : quoi de plus surprenant qu'un best of pour un groupe de metal ! Cependant, halte aux idées reçues : "The Least Worst of..." n'a pas que pour fonction restricive de rassembler les meilleurs morceaux de Type O Negative sur un même c.d, mais nous offre aussi quelques titres remixés, tels que "Love You to Death", "Christian Woman", "My Girlfriend's girlfriend", ou encore "Cinnamon Girl". Et avec quelle maestria ! Un ou deux inédits sont aussi au rendez-vous, pour le plaisir des plus grands fans d'entre vous. Cette compilation est accompagnée de la sortie du D.V.D d'"After Dark", une vidéo regroupant tous les clips du groupe, ainsi que des interviews, des lives et des images d'archives. Un régal au demeurant.

Coph Nia : "That Which Remains" - Cold Meat Industry -

Il est amusant de pouvoir comparer cet album avec du "NON", du "Raison d'Etre", du "Yelworc" et du "Moon Lay Hidden"... Cet album frappe par son étrangeté originale, son nihilisme ambiant. Usant du thème de l'occulte, la musique de Coph Nia reste cependant hermétique aux influences actuelles, en conservant un goût de "déjà entendu". Les morceaux de "That which remains" sont agressifs et oppressants, ambiance garantie pour les longues soirées d'hiver cafardeuses. Beaucoup de samples des plus angoissants, une bonne orchestration de claviers dans un style assez "Bartok", musique bizzare et glaciale au rendez-vous. Pas de tempos réellement définis, mais un rythme variable et très lancinant. Rien de vraiment percutant dans cet album, mais c'est justement l'extrême froideur de chaque titre qui en fait sa valeur. Une très bonne découverte, mais s'il vous plaît, à l'écoute de Coph Nia, rangez vos somnifères et vos lames de rasoir.

Gothica : "Night Thoughts" - Cold Meat Industry -

Tout à fait dans la lignée d'Elend, d'Arcana et de Miranda Sex Garden, Gothica nous propose un album très personnel, d'une composition à la fois familière et exceptionnelle. En effet, nous avons là affaire à de véritables artistes : Alessandra, la chanteuse mezzo-soprano écrit les textes, basés sur la tradition de l'Italie médiévale, et joue aussi aux claviers. Inspirant une certaine plénitude à son écoute, "Night thoughts" cherche à atteindre les mêmes sommets que Dead Can Dance, dont l'influence est assez marquée lors de certains passages vocaux. Gothica adopte un style élégant, carré et fouillé, à tel point que sa musique sonne un peu "british". C'est à travers des mélodies d'une pureté christalline que Gothica tend à mettre en surface les charmes les plus sombres de la poésie, par le biais de violons, flute et hautbois, ainsi que des passages polyphoniques exquis. Gothica se définit lui-même comme un groupe de "depressed gothic", mais inclue tout de même pas mal de morceaux hybrides, limites world music. Mais très très sombres. En résumé, "Night Thoughts" est un album à portée de tous, mais qui sonde des aspects musicaux encore jamais exploités. Un vrai petit chef-d'oeuvre.

Institut : "Great Day to get Even" - Cold Meat Industry -

Voici un album destiné notamment aux vrais amateurs d'indus bruitiste. Il faut savoir dans un premier temps que Institut oeuvre avant-tout dans la scène indus underground suédoise. Il s'agit ici d'electro-industriel (ces qualificatifs sont pas mal appropriés ensemble dans ce cas de figure), d'un genre vraiment extrême. J'irais jusqu'à dire que cet album dérive sur de la musique expérimentale, tant elle est décousue et s'apparente à de la "trance". Un projet ambitieux, parti à la découverte de nouveaux sons, d'un nouveau genre, voguant sur des plages électronisantes et brutales.

 

Arcana : "Isabel" - Cold Meat Industry -

Cet album n'est pas de la première fraîcheur (octobre 99) mais celui-ci n'a pas reçu les éloges qu'il mérite . "Isabel" est un album 3 titres de 8 minutes, et limité à seulement 3000 exemplaires. (avis aux collectionneurs !) Il est certain que cela fait peu . Mais même si Arcana demeurera toujours Arcana, le successeur du très lugubre "Cantar de Procella" nous plonge dans les méandres d'une musique ambiant aux influences médiévales angoissantes, dignes de la B.O du 'Nom de la Rose". Le chant féminin est toujours aussi envoûtant, on peut noter d'ailleurs une progression dans le timbre et le placement vocal . Cet album s'avère donc légèrement différent que les précédents, par le ton mémorable de ses titres, par l'hypnotisme qu'il exerce . "Isabel" semble être un recueil de mélodies intemporelles.

 

Estampie : "Ondas" - Eastwest rec.-

Loin du temps de ses albums à thème (ex: "Crusaders" sur le thème des Templiers), Estampie nous livre quelques petits chefs-d'oeuvre de reprises anonymes ou non de chansons du XIV è siècle . Il ne s'agit pas là de gothic puriste, mais d'un groupe passioné de musique médiévale, ayant rejoint le mouvement d'engoûement des temps anciens. La musique d'Estampie se veut naturelle, dénuée de l'association d'instruments et d'ambiances modernes . Donc pas de rythmes endiablés, ni de tempos frénétiques, seulement un calme et une richesse de la musique des troubadours . Cet album plaira aux amateurs de musique purement médiévale, de belles voix (on note plus de chant féminin), et d'ambiances historiques .

 

: Wumpscut : "BlutKind" - beton Kopf Media -

Si vous cherchez dans l'atmospheric, alors ne lisez pas cette chronique. : Wumpscut : sort un album des plus complet : déjà, 33 titres pressés sur double CD, dont plusieurs titres inédits. Puis une plage CD-rom qui dévoilera l'univers de Rudy Ratzinger (Monsieur Wumpscut) . BlutKind est un trésor de titres en béton armé pour soirées mouvementées. Fidèle à lui-même, Wumpscut reste dans la tradition electro-indus efficace et incisive.

 

Christian Death : "Born again Anti Christian" - candlelight -

Nos vieux de la vieille puisent dans leurs propres racines, ainsi que dans des influences doom, pour nous livrer un album fabuleux. Ennivrant et diversifié, tels pourraient être les mots pour résumer "Born Again Anti Christian". Difficile cependant de s'ennuyer à l'écoute de Christian Death. D'une rare profondeur, mais toujours si obscur, la qualité de cet album est soulignée par un chant féminin plus présent que d'habitude. Chaque titre a son cachet, les claviers et la lourde basse d'accoutumée marquent la richesse musicale de Christian Death, assurant une mâturité enfin stabilisée. ("in your eyes" #3, "the painted aura" #11). Aussi, la colère semble être définitivement le leitmotiv. Enfin, le dernier titre de l'album est une version par Cradle Of Filth du titre #5 (peek a poo) . Pour ne rien gâcher...! Soit dit en passant, "Born Again Anti Christian " est un must.

 

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